- C’est toujours après coup, avec un saut risqué de l’expérience vers l’interprétation, que le sujet perd l’immédiateté de son savoir et la précision de sa volonté. En jugeant, il se découvre au monde, et la découverte de cet être-au-monde est l’avènement d’une résistance du réel. Ainsi l’émancipation du sujet vers la conscience de son être-au-monde se révèle bien vite le lieu d’un oxymore parfaitement insupportable : la réalité découverte est une réalité à jamais recouverte. Celui qui traque son objet d’étude se trouve condamné à ne rencontrer qu’une face résistante de l’objet. Pour autant, cette résistance ne doit pas être considérée en tant qu’un attribut de l’objet mais en tant qu’une variable du rapport que le sujet entretient avec lui. Au reste les expériences de résistance d’un objet, si elles ne nous renseignent en rien sur sa nature, présupposent qu’une rencontre a préalablement eu lieu, la résistance du réel présuppose une découverte préalable de la réalité par l’intuition. Et de plus l’intuition, lorsqu’elle se fait connaître, est passée, l’intuition reconnue n’est déjà plus qu’une réminiscence d’intuition, l’indice d’une rencontre préalablement vécue, un indice sans suite, le premier et l’unique terme d’une question sans réponse.
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